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dans notre cave chaque fois que le veilleur de nuit passait, en criant l’heure et en agitant sa crécelle qui me terrifiait ; quand il avait disparu, je remontais m’asseoir.

Le sommeil m’envahissait ; mais l’appel de la marchande d’anguilles fumées, que j’entendais dans le lointain, me réveillait, et me donnait l’espoir que mes parents allaient rentrer et apporter des anguilles fumées, ou des harengs saurs, ou peut-être bien des saucisses bouillies.

Cependant, vaincue par la fatigue, je m’endormais sur le perron, et le veilleur de nuit me descendait dans la cave, où il me couchait sur le grabat à côté des autres enfants.

Mes parents avaient pour devise : Qui dort dîne. Le matin, mes petits frères et sœurs et moi, nous trouvions les têtes et les peaux des anguilles fumées ou des harengs saurs, restes des agapes de la veille, que nous mangions alors avec nos tartines.