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RELIEFS ET ORIPEAUX


J’ai souvent lu et entendu dire que le parfum d’une fleur, le goût d’un fruit évoquaient chez certaines personnes un épisode exquis ou poétique de leur enfance ou de leur jeunesse. Eh bien ! à d’infimes exceptions près, mes souvenirs, à moi, ne sont jamais ni exquis, ni poétiques. Toutes mes sensations les plus fraîches et les plus pures furent gâchées par la misère, l’ignorance et la honte. Ce n’est du reste pas en sentant une fleur, ni en goûtant un fruit, mais en mangeant du fromage de Hollande, que je me suis souvenue d’une page de ma toute jeune enfance.

Déjà notre misère devenait intense, à cause du nombre d’enfants qui augmentait chaque