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PREMIER EXODE


Mon père, très bon travailleur, avait l’art de se faire prendre en grippe : il montrait trop que la bêtise et la vulgarité lui répugnaient. Il dut donc quitter la petite ville pour chercher de l’ouvrage ailleurs, et se rendit à Amsterdam, d’où il écrivit bientôt à ma mère de venir le rejoindre.

— Vends nos vieilles loques, ajoutait-il, pour faire le voyage, tu trouveras ici ce qu’il faut.

Ma mère savait ce que cela voulait dire : il y avait de tout dans les magasins, mais nous aurions pu coucher entre quatre murs. Mon père s’imaginait toujours que tout allait nous tomber du ciel, et déraisonnait alors complètement. Elle ne tint donc aucun compte de cet