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Ce fut pour moi une semaine de torture. Je ne décolérais plus contre ma mère, qui ne répondait pas ; mais ses battements de paupières trahissaient son agitation.

Quand Klaasje revint, il nous raconta qu’il avait passé ces huit jours parmi des petits condamnés de toute espèce. Il était hâve comme un petit vagabond ; ses boucles châtaines grouillaient de vermine.

— Viens, je vais te laver.

Je pris mon morceau de savon privé et mon peigne, et commençai le nettoyage par la tête. Il se laissa docilement faire, mais quand je voulus le déshabiller, il se rebiffa, trouvant que c’était trop long.

— Et puis, dit-il, en me regardant d’un air effronté, tu ne connais pas cela, hein ?

Il fit le geste de voler un objet et de le glisser en poche.

— Quoi ? demandai-je étonnée.

Il se dégagea, sauta vers la porte, se tapa alors sur la cuisse, esquissa de sa main retournée un geste indécent, et, goguenarda, en se sauvant :

— Voilà pour toi !

— Klaasje, Klaasje ! répétais-je. Mère, regardez-le donc : il a déjà pris des manières canailles.