quelle chance ! Allons-nous promener, maintenant que nous sommes sûrs de n’être pas arrêtés. En avant ! Ah ! mon Dieu ! quel méchant vieux ! En avant !
Et nous voilà remontant vers la rue Royale.
Après avoir encore erré quelque peu, nous nous décidons à passer quand même la nuit dans le Parc, où nous pénétrons en grimpant par dessus la grille.
Les bancs étaient mouillés de rosée. Nous n’osions presque pas marcher de crainte d’être entendus du dehors ; nous n’osions aller dans les bas-fonds, à cause des ossements de ceux de 1830. Mon frère grelottait sous son petit costume de coutil. De dormir, il n’était pas question : nous étions trop terrifiés ; nous nous assîmes au pied d’un arbre.
Quand le jour commença à poindre, un ouvrier nous vit de la rue Royale. Nous nous sauvâmes dans les hauteurs. Je m’accroupis sur un banc, je relevai ma jupe et fis s’étendre Hein, la tête dans mon giron, ma jupe rabattue sur lui. Nous étions figés de froid. Hein résistait moins bien que moi ; mais, ainsi couvert, il s’endormit ; moi, je sommeillais, sur le qui-vive. C’est ainsi qu’un homme nous trouva.
— Que faites-vous ici ?