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été appréhendé par des policiers ; je t’en supplie, allons plutôt nous mettre entre leurs mains.

Je tremblais tellement que mon frère se mit à pleurer. Nous descendîmes vers la Grand’Place. Hein accosta un agent et lui demanda asile ; l’agent fit un haut-le-corps, me regarda, regarda Hein, puis nous conduisit vers le commissaire. Mon frère parla. Le commissaire, un vieillard, écoutait en me dévisageant : il entra dans une colère bleue :

— C’est sans doute pour des dettes que vous êtes dans cette situation ! Cela ne me regarde pas et vous n’avez qu’à vous tirer d’affaire !

L’agent hasarda un timide :

— Ce sont presque des enfants, monsieur le commissaire.

Mais il se fâcha davantage, et répondit que nous n’avions qu’à retourner dans la commune d’où nous venions. Je lui dis que nous nous étions adressés à la police de peur d’être ramassés.

— Et de peur d’être ramassés, vous venez vous rendre : elle est forte, celle-là. Eh bien, allez-vous-en.

Une fois dans la rue, nous nous mîmes à rire et à gambader, bien que claquant des dents.

— Ah ! si c’est ainsi, quel bonheur ! Ouf !