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En arrivant le matin, à sept heures, chez la vieille dame, elle les avait installés sur de petits bancs devant un grand panier d’oignons, et leur avait montré comment ils devaient délicatement enlever la pelure sans les entailler, car chaque entaille devenait bleue dans le vinaigre, et les oignons ainsi détériorés ne pouvaient plus servir à des conserves de premier choix. Ils s’étaient mis à l’œuvre pendant que la dame, assise à côté d’eux, nettoyait des cornichons. Au bout de quelques instants, leurs yeux commencèrent à couler, et ils les essuyèrent avec leurs mains mouillées de sève d’oignons. Alors Naatje, n’y tenant plus, s’était mise à remuer sur son petit banc, et la vieille dame avait dit :

— Nateke, pour l’amour de Dieu, tenez vos pieds en repos.

Puis était entré un jeune homme, qu’ils prirent d’abord pour son fils, mais quand ils eurent compris que c’était le mari, ils furent pris d’un fou rire, qui avait mis la vieille dame hors de ses gonds, et elle s’était écriée :

— Au nom de la Sainte Trinité, Keeske, cesse de rire comme un petit cochon !

Et leurs rires étaient devenus des cocoricos quand le jeune mari leur avait fait signe de renverser le panier d’oignons, ce qu’ils firent incon-