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TROISIÈME EXODE


Après plusieurs années effroyablement remplies de jours de famine, il nous fallut également quitter Amsterdam. Cette fois, ce fut pour la Belgique. La Ville paya notre émigration. Nous fûmes de nouveau embarqués le soir, sur un bateau. L’état morbide de mes quinze ans avait donné à mon esprit une acuité qui me faisait comprendre toute l’étendue de notre misère, et j’aimais Amsterdam. Quand nous passâmes sous le pont de la Haute-Écluse de l’Amstel et que la ville resta derrière nous, je devins pâle et grelottai, comme prise de fièvre.

Il y avait sur ce bateau un monde interlope. Un homme et une femme se disputaient et furent débarqués, en pleine nuit, sur le quai d’une écluse, d’où ils invectivèrent le capitaine. Dans