— Jolie, jolie !
Mon petit corps jamais lavé, mes cheveux bouclés remplis de poux, semblaient lui faire beaucoup plus d’impression que si j’eusse été imprégnée de parfums et enveloppée de dentelles ; mais la plus grande attraction pour lui, fut certes la douleur que je ressentais.
Avant de partir, il me donna des florins, en répétant :
— Jolie ! Jolie !
Ma sœur m’attendait ; quand je lui dis ce qui s’était passé, elle me répondit :
— Je le savais. Maintenant tu ne pourras plus me traiter de putain.
Nous rencontrâmes ma mère sur le pont de notre canal ; elle avait des plaques rouges sur les pommettes, et clignotait anxieusement des yeux. Je lui donnai les florins ; elle me jeta un regard éploré, que j’évitai.
Rentrée chez les Juifs, je me mis à relaver la vaisselle du sabbat.