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MES PARENTS


Avant l’altération continue, sûre, et comme méthodique, que la misère fait subir aux natures les mieux trempées, mes parents étaient, dans leur milieu et pour leur éducation, deux êtres plutôt rares, tous deux d’une beauté exceptionnelle quoique diamétralement opposée.

Mon père, Dirk Oldema, était un Frison haut de six pieds, mince et élancé comme un bouleau, et d’une flexibilité incroyable. Il avait le teint très frais, les yeux bleu clair lumineux, une denture merveilleuse, des cheveux châtain clair bouclés, une voix parlée franche et timbrée, et une voix chantante de ténor léger qui faisait s’arrêter les passants. Son plus grand plaisir était, le soir, assis avec tous ses enfants autour de l’âtre, de