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avait pas rendu les vêtements que nous étions venus dégager.

Tout cela m’avait composé une nature étrange, où une grande candeur naturelle s’alliait à une sensibilité et à une compréhension au-dessus de mon âge. J’étais prête à toutes les besognes, mais intraitable devant ce qui me semblait une injustice. J’étais souple et en même temps peu maniable, comme le prouvait ma fugue de ce soir.

La lampe continuait à baisser ; nous nous couchâmes, mes parents dans l’unique alcôve, les neuf enfants sur des paillasses par terre.

Quand je m’y étendis à mon tour, j’eus ce léger vertige qui me prenait chaque fois que je me couchais à terre. J’ajustai les petites fesses de Klaasje dans mon giron, et m’endormis dans le ravissement de sentir contre moi ce petit être adoré.