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MARCHANDE DE RUE


Les jours suivant l’incarcération de mon père, la misère devint atroce chez nous. Les trois florins qu’il gagnait par semaine, servaient à payer le loyer et les quelques dettes criardes ; pour le reste, nous vivions au jour le jour des pourboires qu’il recevait. Et maintenant tout était supprimé du coup.

Nous délibérâmes avec une vieille voisine sur le parti à prendre. Elle et presque tous les habitants de notre impasse étaient des colporteurs allemands, qui vendaient des poteries en terre. Elle mit trois casseroles sous mon tablier d’enfant, m’expliqua combien elles coûtaient, ce qu’elles devaient rapporter, et le boniment que j’avais à faire pour les vendre.