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repas imprévu. Mais, comme les pommes de terre étaient propres, Dirk les mit une à une dans sa casquette, et plus loin, sur un autre perron, à nous trois, nous fîmes un excellent goûter.

Vers le printemps, Baâtje devenait grosse et grasse que c’était un charme. Dirk l’attribuait à nos promenades sur les canaux (depuis les pommes de terre, nous étions à l’affût de ces aubaines).

— Puis, tu comprends, les souris, elles lui courent entre les pattes !

Un soir, en se couchant dans l’alcôve, mes parents y trouvèrent Baâtje, commodément installée dans la paille, avec cinq petits. Dirk en devint muet de surprise. Mon père voulait se débarrasser de toute la nichée dans les égouts ; Mina, qui n’aimait aucune bête, proposa de les jeter dans le canal. Alors, devant les lamentations de Dirk, ma mère dit, en faisant des clignements d’yeux aux autres, qu’il pouvait les garder.

Il fit un nid de ses vêtements dans un coin par terre, et coucha dessus la chatte et ses petits ; mais le lendemain, sans que mes parents eussent rien senti, elle se trouvait installée à l’ancienne place.

Quand nous rentrâmes de l’école, Baâtje vint