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BAÂTJE


Dirk jouait à la toupie sur la glace de notre canal. Il aurait donné son dîner pour une paire de patins, ou un petit traîneau dans lequel il nous aurait tous entassés et traînés jusqu’au soir. Mais ne pouvant avoir ni l’une ni l’autre, il se contentait de sa toupie, qui tournait merveilleusement sur la glace en décrivant des arabesques.

Les mouvements violents m’ont toujours mise hors de moi et, sur la glace, il fallait s’en donner trop si on voulait ne pas se figer : je suivais donc du quai les ébats de mon frère. Il devint bientôt tout bleu de froid et, las de ce jeu qui ne le réchauffait pas assez, il l’abandonna pour faire des glissades.

Sur l’autre rive, une femme s’approchait du