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se dit qu’elle avait été égoïste. Elle rougit ; ses traits reprirent leur sérénité, et s’essuyant les yeux à la hâte, elle regarda ses enfants comme une mère seule peut le faire.

« Ta, ta, ta, fit-elle, une jolie conversation pour la veille de saint Nicolas. Quel miracle que la laine que je tricote me pique les doigts ! Allons, Gretel, prends ce cent et va acheter une crêpe, pendant que Hans fera l’acquisition de ses patins.

— Permettez-moi de rester ici avec vous, mère, dit Gretel dont les yeux brillèrent à travers ses larmes, Hans m’achètera le gâteau.

— Comme vous voudrez, mon enfant. Ah ! Hans, attendez un instant : deux ou trois tours d’aiguilles, et j’aurai fini ce bas. Et vous pourrez vendre au bonnetier une des meilleures paires de bas qui aient jamais été tricotées (j’avoue que la laine est un tout petit peu rude). Cela nous rapportera bien les trois quarts d’un écu, si vous avez l’esprit de faire un bon marché ; et comme ce temps-là donne de l’appétit, vous pouvez acheter quatre gâteaux. Nous fêterons tous les quatre la Saint-Nicolas. »

Gretel battit des mains : c’était son geste de joie.

« Oh ! quel bonheur ! dit-elle ; Annie Bowman m’a raconté les belles choses qui vont se passer dans les grandes maisons, ce soir. Mais nous nous amuserons aussi. Hans aura une belle paire de patins, et puis il y aura des gâteaux ! Père les aime tant ! Il a gardé le goût des enfants pour les bonnes choses, et je crois que je suis gourmande aussi. Surtout ! ne les cassez pas, frère Hans. Enveloppez-les bien, cachez-les sous votre jaquette et boutonnez-la soigneusement.

— Certainement, répliqua Hans, tout gonflé de plaisir et d’importance.

— Oh ! mère ! s’écria Gretel en veine d’expansion, vous