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Mais, mère, le corsage est trop serré, n’est-ce pas ? Vous grandissez ! certainement vous grandissez ! »

Dame Brinker se mit à rire.

« Il y a longtemps qu’il est fait, chérie, alors que je n’étais pas plus épaisse de taille que la batte à beurre. Et comment trouvez-vous mon bonnet ? ajouta-t-elle en tournant la tête de côté et d’autre.

— Oh ! je l’aime tant, tant, mère ! Il est magnifique ! Voyez ! Le père regarde ! »

Était-ce vrai que le père regardait ? Oui, mais hélas ! avec des yeux hébétés. Sa femme se tourna vers lui en tressaillant, et une étincelle, grosse de curiosité, s’alluma dans ses yeux. Mais ce regard brillant s’éteignit aussitôt.

« Non, non, soupira-t-elle, il ne voit rien. Allons, Hans (et un sourire furtif glissa de nouveau sur ses lèvres), ne restez pas ainsi à me regarder, la bouche ouverte, pendant que les patins neufs vous attendent à Amsterdam. »

— Ah ! mère, répondit-il, vous avez besoin de bien des choses. Pourquoi achèterais-je des patins ?

— Quelle folie ! enfant. L’argent ou plutôt l’ouvrage vous a été donné pour cela. Partez, pendant que le soleil est encore haut.

— Oui, et dépêchez-vous de revenir, dit Gretel en riant ; nous ferons la course sur le canal ce soir, si la mère le permet. »

Sur le seuil, Hans se retourna :

« Il faudrait une marche neuve à votre rouet, mère, dit-il.

— Vous pourrez en faire une, Hans.

— C’est vrai, il n’y aura pas besoin d’argent pour cela. Mais il vous faudrait de la laine et de la farine, et…

— Là là, c’est assez. Votre argent ne peut pas tout acheter. Ah ! mon fils, si l’argent qui nous a été volé revenait, seulement pour cette belle journée, veille de saint Nicolas,