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regards qui s’arrêtaient sur elle, parcourait comme un trait, les joues rouges et les yeux animés, le canal de haut en bas ; elle sentait que les lames d’acier qu’elle avait sous les pieds avaient soudainement changé la glace en sol féerique, et le nom de Hans, son cher et bon frère, résonnait comme un écho dans son cœur reconnaissant.

« Par le tonnerre ! s’écria Peter Van Holp, en s’adressant à Karl Shummel, cette petite, là-bas, avec la jaquette rouge et le jupon rapiécé, patine bien. Gunst ! elle a des orteils aux talons et des yeux derrière la tête ! Regardez-la, ce sera drôle si elle concourt pour le prix et qu’elle batte Katrinka Flack !

— Chut ! pas si haut, répliqua Karl d’un ton un peu moqueur. Cette petite personne en haillons est la favorite spéciale de Hilda van Gleck ; ces brillants patins sont un don de sa main, si je ne me trompe.

— Vraiment ? s’écria Peter avec un sourire radieux, car Hilda était sa meilleure amie. Elle a donc semé des bonnes œuvres de ce côté-là aussi ? »

Et mynheer van Holp ayant dessiné un double 8 sur la glace, sans parler d’une lettre H superbe, la première lettre du nom de Hilda, ils patinèrent ensemble, riant d’abord, puis causant plus posément et tout bas quelques instants après. Chose étrange, Peter van Holp, après deux minutes de courses, n’avait qu’une idée : c’est que sa jeune sœur avait absolument besoin d’une chaîne pareille à celle que Hans avait faite dans la nuit pour Hilda.

Il en résulta que deux jours après, la veille même de saint Nicolas, Hans ayant brûlé trois bouts de chandelle dans sa nuit, et après s’être coupé le pouce par-dessus le marché, n’avait plus qu’à aller à Amsterdam pour acheter une seconde paire de patins chez le marchand qui lui avait fourni ceux de sa sœur Gretel.

Quelle bonne femme que dame Brinker ! Ce midi-là,