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féliciter qu’elle ait dédaigné sa recherche. Dieu sait pourtant que le jour où un refus avait accueilli sa demande lui avait semblé le plus sombre de son existence. Il faut dire qu’il ne connaissait pas alors l’aimable et charmante Jenny, la sœur de Ben, qui l’a rendu plus heureux que n’eût pu le faire aucune autre femme au monde.

La vie de Karl Schummel n’a pas été facile. Son père a fait de mauvaises affaires, et Karl, qui ne possédait pas un grand nombre de chauds amis et n’était pas d’ailleurs soutenu par ses principes, s’est vu rudement secoué par la raquette de la fortune. Il lui a fallu devenir humble, pour avoir été trop orgueilleux. Il est maintenant teneur de livres dans la maison prospère du fils du docteur Boekman et de son associé Schimmelpennink. Celui-ci a eu le bon cœur et le bon goût d’oublier, devant la détresse de Karl, les mauvais procédés qu’il avait eus pour lui dans sa jeunesse. Il le traite avec bonté, et Karl, en retour, se montre très-respectueux envers celui qu’il appelait le « petit singe au long nom ».

De tous nos amis hollandais, Jacob Poot est le seul qui ait quitté ce monde. Bon, sincère et désintéressé jusqu’au dernier jour, on le regrette maintenant aussi sincèrement qu’on l’aimait, tout en riant de lui trop souvent, lorsqu’on voyait apparaître sa vaste et large personne. Il a eu la grâce d’en haut d’avoir une fin douce et chrétienne, et de sentir, vivant encore, quels regrets il allait laisser. Son nom est béni dans les établissements de charité auxquels, n’ayant point d’héritiers directs, il a laissé sa fortune. Si vous y prononcez ce nom, tout de suite on vous répondra : « Oui, notre bienfaiteur ! »

Raff Brinker et sa femme vivent, depuis quelques années, confortablement à Amsterdam. Couple fidèle et heureux, ils se montrent aussi simples, aussi honnêtes dans leur bonne fortune qu’ils étaient patients et pleins de confiance