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s’animant, tout rempli d’enthousiasme, être un chirurgien tel que vous, rendre le bonheur à des malheureux, sauver des vies humaines, pouvoir accomplir enfin ce que vous avez fait pour mon père, c’est la plus belle chose du monde ! »

Le docteur le regardait sévèrement. Hans était tout rouge ; des larmes chaudes s’amoncelaient sous ses paupières.

« C’est une difficile et rude profession, garçon, que la chirurgie qui t’apparaît si belle. Tout n’est pas roses dans notre métier. La responsabilité est terrible et faite pour faire reculer même le brave, dit le docteur en fronçant le sourcil. Elle exige en outre une patience que rien ne décourage, une abnégation de tous les instants et une fermeté d’âme à l’épreuve de tous les dégoûts.

— Je crois tout cela, s’écria Hans s’animant de nouveau. Elle exige de la sagesse aussi et du respect pour les œuvres de Dieu. Ah ! mynheer, elle peut avoir ses épreuves, mais aussi quels triomphes ! vaincre la mort, la faire reculer ! Quoi de plus magnifique !! Mais, pardon, mynheer. Ce n’est pas à moi de parler si hardiment. »

Le docteur avait écouté Hans sans l’interrompre. Quand il eut fini, au lieu de lui répondre, il lui tourna le dos pour dire quelque chose tout bas à son fils. Dame Brinker, qui n’avait jamais vu Hans dans une surexcitation pareille, avait cru devoir avertir son garçon par un hochement de tête formidable que les grands personnages n’aimaient pas à entendre les pauvres gens s’exprimer d’une manière libre.

Hans s’étonnait d’avoir osé ainsi parler et regrettait de n’avoir pas su se taire.

Le docteur se retourna.

« Quel âge avez-vous, Hans Brinker ?