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s’écrie-t-elle. Et ces mots retentissent soudain comme un écho autour d’elle.

Les patins d’argent reluisent au soleil, éclairant joyeusement les deux heureux visages des vainqueurs.

Mme van Gend envoie aux lauréats de petits messagers avec des bouquets. Il y en a un pour Hilda, un pour Karl, les autres pour Peter et Gretel. Hans s’étant retiré de la course n’y a plus droit.

À la vue des fleurs, la petite reine des patineurs ne peut plus se contenir. Jetant de tous côtés des regards empreints de la plus vive gratitude, elle serre les patins d’argent dans son tablier, et, son bouquet à la main, elle s’élance pour aller en faire hommage à son père et à sa mère cachés dans la foule.

Vous avez peut-être été surpris d’apprendre que Raff Brinker et sa femme assistaient à la course. Vous le seriez plus encore, si vous leur teniez compagnie en la soirée de ce mémorable 20 décembre. À voir de l’extérieur la cabane maussade des Brinker, toute seule sur le marais gelé, avec ses murailles penchées et comme atteintes de rhumatismes, son toit en forme de chapeau à bords rabattus lui tombant sur les yeux, on n’aurait jamais pu se douter qu’une scène si animée se passait à l’intérieur. Au dehors, rien ne restait du jour qu’une ligne brillante à l’horizon. Cependant quelques nuages aventureux brûlaient encore dans un recoin des cieux ; d’autres dont les bords rougissaient d’un feu sombre allaient se perdre dans la nuit grandissante.

Un dernier rayon égaré se glissa sournoisement dans la cabane. La chambre dans laquelle il fit cette visite du soir était propre comme la propreté même. Les fentes mêmes du plafond étaient brillantes. Des senteurs délicieuses emplissaient l’air. Un grand feu de tourbe lançait de gais éclairs sur les murs étonnés. Les lueurs capricieuses du