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s’asseyait alors et remplissait la chaumière des bourdonnements de son rouet.

Presque tout l’ouvrage du dehors et même de l’intérieur était fait par Hans et par Gretel. À certaines saisons de l’année, ils sortaient tous les jours pour ramasser de la tourbe qu’ils empilaient pour la provision d’hiver. Quand les travaux d’intérieur le permettaient, Hans montait les chevaux qui tiraient les lourdes barques le long des canaux et gagnait ainsi quelques stuivers (un stuiver vaut à peu près dix centimes), tandis que Gretel gardait les oies pour les fermiers du voisinage.

Hans s’était, sans maître, rendu à ses moments perdus habile à sculpter le bois, et d’autre part, ainsi que sa sœur, il s’entendait fort bien au jardinage. Gretel savait chanter, coudre et courir sur de hautes échasses de la fabrique de son père, mieux qu’aucune autre petite fille à dix milles à la ronde. Elle apprenait une ballade en cinq minutes, vous trouvait dans la saison quelque herbe ou fleur que vous puissiez nommer, mais les livres lui faisaient peur, et la vue seule du grand tableau noir appendu aux murs de l’école emplissait ses yeux bleus de larmes. Hans au contraire était lent et sérieux ; plus la tâche était difficile, soit comme étude soit comme travail manuel, mieux elle lui plaisait. Les enfants qui se moquaient de lui à l’école à cause de ses vêtements rapiécés et de ses culottes beaucoup trop étroites, étaient forcés de lui céder la place d’honneur dans presque toutes les classes. Il fut bientôt le seul qui n’eût pas été envoyé une seule fois dans le coin aux horreurs où pendait un fouet exécré, orné de cette inscription :

« Apprends, apprends, paresseux ! ou le bout de cette corde t’obligera bien à le faire ! »

C’était pendant l’hiver seulement que Hans et Gretel avaient le temps d’aller à l’école ; mais ils étaient, en ce moment, retenus à la maison, parce que leur mère avait