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aujourd’hui leurs poumons étaient sans haleine ; leurs grandes ailes fatiguées se contentaient d’osciller paresseusement dans l’air pur et calme. Attrapez un moulin à vent à travailler quand les girouettes n’ont rien à faire !

Il n’y avait pas à songer davantage ce jour-là à moudre, à écraser ou à scier, et cela allait assez aux meuniers des environs de Broek. Longtemps avant que midi eût sonné, ils avaient vu qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que de serrer les voiles et d’aller, eux aussi, à la course. Tout le monde y serait. Le côté nord de l’Y gelé était déjà garni de spectateurs, car l’annonce de la grande course à patins s’était répandue au loin.

Des hommes, des femmes, des enfants revêtus de leurs habits de fête, arrivaient en foule sur les lieux. Quelques dames prudentes portaient des fourrures, des manteaux d’hiver ou des châles, mais beaucoup d’autres plus étourdies et consultant leur cœur plutôt que l’almanach étaient habillées comme pour un jour d’octobre.

Le lieu choisi pour la course était une plaine de glace irréprochable, située à quelque distance d’Amsterdam, et que les Hollandais, comme de juste, appellent « l’Œil. » Les citadins avaient abandonné la ville ; les étrangers aussi. C’était pour eux une superbe occasion d’examiner les coutumes et les costumes du pays. Plus d’un paysan du Nord avait prudemment choisi le 20 pour venir faire son petit commerce à la ville. Tous ceux, jeunes ou vieux, qui possédaient des roues, des patins ou des jambes, s’étaient hâtés d’accourir.

On y voyait les gens de la noblesse dans leurs voitures, habillés comme des Parisiens venant tout droit des boulevards. Les enfants pauvres d’Amsterdam portaient l’uniforme des nombreux asiles où ils étaient recueillis ; les filles de l’orphelinat catholique étaient vêtues de leurs robes noires et blanches ; les garçons de l’asile des Bourgeois