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Jean Kamphuisen. Elle laissa tomber le propos et, remettant Raff sur la voie de son récit :

« Où étiez-vous en ce moment-là, quand vous l’avez mis à terre, cet inconnu ? Il ne vous avait pas encore donné la montre, sans doute ? Savez-vous que j’ai peur qu’il ne l’eût pas acquise honnêtement ?

— Femme ! s’écria Raff, votre mari n’a pas douté de ce jeune homme, pourquoi en doutez-vous ?

— Comment se fait-il qu’il s’en soit défait, alors ? demanda la femme tout en regardant le feu d’un air de malaise, car elle voyait qu’il aurait fallu y mettre de la tourbe, et elle allait manquer.

— Ne vous l’ai-je pas dit ? répondit Raff.

— Pas encore, fit dame Brinker, évitant sagement une autre digression.

— Eh bien, au moment où nous allions nous séparer, il revint à moi :

« J’ai un dernier service à vous demander, me dit-il d’une voix émue, et me donnant la montre : voulez-vous porter cela à mon père, non pas aujourd’hui même, mais dans huit jours, ni plus tôt ni plus tard ? Je vous en prie, dites-lui que c’est son fils, son fils bien malheureux, qui la lui envoie. Dites-lui que, s’il désire jamais me revoir, au premier mot je braverai tout et je reviendrai. Dites-lui de m’écrire à… à… »

« Le reste m’échappe. Je ne puis me rappeler l’endroit où il fallait lui adresser la lettre. Pauvre garçon ! fit Raff tristement en prenant la montre qui était restée sur les genoux de sa femme. Et dire qu’on ne l’a pas encore envoyée à son père !

— Je la lui porterai, Raff, aussitôt que Gretel sera rentrée ; ne vous tourmentez pas, elle ne peut tarder, si vous me dites quel était le nom du père, et où vous deviez l’aller trouver.