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Cette nuit-là Annie s’endormit en se demandant si c’était un couteau que Hans avait perdu et en se disant que ce serait vraiment drôle s’il allait le retrouver à la place où elle lui avait dit d’enterrer la perle.

Hans avait à peine fermé les yeux qu’il se vit marchant, conduit par Annie, à travers les buissons tout parsemés de pots remplis d’or et couronnés de roses, et où des guirlandes de montres, de patins et de perles se balançaient au bout de toutes les branches. Chose étrange ! chaque arbre se transformait, dans son rêve, en souche, à mesure qu’il en approchait, et sur chacune, comme sur un piédestal, lui apparaissait subitement la secourable fée qui tout à l’heure le guidait : c’était bien elle, toujours revêtue de sa jolie jaquette rouge et de sa céleste jupe bleue ; mais grandie et comme diaphane, elle étendait sur la cabane des Brinker sa petite main protectrice.

Un bonheur n’arrive jamais seul, non plus qu’un malheur, dit le vieux proverbe. On fit encore dans la maison des Brinker une découverte autre que celle du trésor, à la suite de la visite de la Fée : ce fut celle de l’histoire, jusque-là inconnue, de la fameuse montre que dame Brinker avait conservée avec un soin jaloux pendant dix longues années. Et elle y avait eu bien du mérite, la femme fidèle de Raff Brinker. Que de fois, aux heures de cruelle tentation, aux heures du plus poignant besoin, elle avait évité de la regarder, dans la crainte de désobéir à la recommandation que lui avait faite son mari quand il avait encore toute sa raison ! Il avait dû être dur pour elle de voir ses enfants manquer de pain tout en se disant que si l’on vendait cette montre, les roses refleuriraient sur leurs joues. « Mais non ! s’écriait-elle alors, quelque chose qui arrive, il ne sera pas dit que Mietje Brinker a oublié les dernières injonctions de son mari.

— Ayez bien soin de cette montre, ma chère femme, lui