Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— La chirurgie peut être très-noble, mais elle n’est pas du tout de mon goût. Il est évident que ce docteur Boekman est habile. Quant à son cœur, Dieu me garde des cœurs comme le sien !

— Pourquoi dites-vous cela, mynheer ? » demanda Hans tout ému.

En ce moment, une dame, venant de la chambre à côté, entra sans bruit.

C’était Mme Van Holp, la mère de Peter ; elle était coiffée du plus splendide des bonnets, et portait le plus long des tabliers de satin garni de dentelle. Elle fit un signe de tête sympathique à Hans qui s’éloignait du feu en saluant du mieux qu’il pouvait.

Peter offrit à sa mère une chaise de chêne à haut dossier, et la dame s’assit.

Hans fit un pas vers la porte pour se retirer.

« Attendez un peu, jeune homme, s’il vous plaît, dit la dame. Je vous ai entendus, vous et mon fils, parler, je crois, de mon ami le docteur Boekman. Vous avez raison de soutenir que le docteur a un bon cœur. Bien que des manières aimables ne soient pas à mépriser, on peut se tromper grandement, Peter, en jugeant les autres sur l’apparence.

— Je n’avais pas l’intention de manquer de respect au docteur, mère, répondit Pierre ; mais on n’a cependant pas le droit de traverser le monde en grondant sans cesse comme un chien hargneux, ainsi que le fait, dit-on, le savant praticien.

— Dit-on ? Ah ! Peter, on veut dire tout le monde et personne. Le chirurgien Boekman a éprouvé autrefois une douleur dont il ne s’est jamais consolé : il a perdu, il y a déjà longtemps, son fils unique dans des circonstances particulièrement pénibles ; un beau garçon, un peu trop vif et la tête un peu chaude peut-être. Avant cette perte,