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roue d’un rouet. Je ne serai guéri que lorsque je pourrai retourner aux digues. Quand pourrai-je recommencer à travailler ? Le savez-vous ?

— Écoutez l’homme ! cria dame Brinker, ravie et effrayée tout à la fois. Il faut que nous le recouchions, Hans. Travailler ? Vraiment ! Déjà penser au travail ! Il est trop tôt, mon bon mari. »

Ils essayèrent de le soulever de sa chaise ; mais il n’était pas encore prêt.

« Tenez-vous en paix ! » s’écria-t-il avec quelque chose comme son ancien sourire. (C’était la première fois que Gretel le voyait). « Est-ce qu’un homme peut endurer qu’on l’enlève ainsi comme une bûche ? Je vous dis qu’avant que le soleil se soit levé trois fois, je serai de nouveau sur les digues. Ah ! il y aura là de solides gars pour me souhaiter la bienvenue. Jean Kamphuisen et le jeune Hoogvliet. Ils se sont montrés tes bons amis, Hans, j’en suis sûr. »

Hans regarda sa mère. Il y avait cinq ans que le jeune Hoogvliet était mort. Jean Kamphuisen était en prison à Amsterdam.

« Oui, oui, ils auraient fait leur part, il n’y a pas de doute, fit dame Brinker, venant à son aide, si nous le leur avions demandé. Mais entre le travail et l’étude, Hans a été assez occupé pour se passer de camarades.

— Le travail et l’étude, répéta Raff Brinker pensif, est-ce que les enfants peuvent lire et compter, Mietje ?

— Il faudrait les entendre ! répondit-elle fièrement. Ils parcourent un livre, le temps que je mets à éponger par terre ; Hans, lui, est aussi heureux sur une page remplie de gros mots, qu’un lapin dans un carré de choux. Quant à compter…

— Viens ici, garçon, aide-moi un peu, interrompit Raff Brinker, il faut que je me recouche. »