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tout d’abord avec moi un petit voyage dans le curieux et amusant pays que Hans et Gretel contemplent insoucieusement tous les jours. Restez dans votre fauteuil, la course sera moins fatigante. Quand vous l’aurez faite, vous vous rendrez mieux compte du genre d’intérêt que peuvent offrir les événements que j’ai à vous raconter. Le cadre est ici nécessaire à l’intelligence du tableau.

La Hollande est la plus singulière contrée qui existe sous le soleil. C’est un pays à part. On devrait l’appeler : Odd-land (drôle de terre) ou Contrary-land (terre sans pareille), car elle diffère presque en toutes choses des autres contrées du monde. En premier lieu, une grande partie du pays est au-dessous du niveau de la mer. De grandes digues ou remparts, élevés avec beaucoup de peine et d’immenses sommes d’argent, ont pu seuls obliger l’Océan à rester dans les limites qui lui ont été assignées et l’empêcher de submerger la Hollande tout entière. Sur certaines parties des côtes, l’immense poids des eaux lutte incessamment contre les barrières que la main des hommes lui oppose, et c’est tout au plus si le pauvre pays peut en soutenir la pression. Les digues s’effondrent quelquefois ; alors une voie, une immense brèche d’eau s’ouvre subitement et les plus grands malheurs en résultent. Ces digues puissantes, cela va sans dire, sont nécessairement à la fois et très-hautes et si larges qu’il n’est pas rare de les voir couvertes de maisons et ombragées de grands arbres. Dans leur plus grande élévation elles sont sillonnées d’ordinaire par de belles routes publiques, d’où les chevaux peuvent apercevoir, en regardant au-dessous d’eux, les chaumières qui s’étagent aux flancs des parties inférieures plus rapprochées du niveau de la mer. Mais très-souvent les quilles des vaisseaux flottant à la surface de la mer dépassent de beaucoup les toits des habitations riveraines. C’est la mer qui est le plateau,