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La saison du patinage avait commencé plus tôt que d’habitude, et nos jeunes gens n’étaient pas seuls sur la glace. L’après-midi était si belle, que les hommes, les femmes, les enfants, désireux de jouir de cette journée de fête, se pressaient en foule sur le canal. Saint Nicolas s’était évidemment souvenu du passe-temps favori. Les patins reluisants et neufs ne manquaient pas sur la glace. Des familles tout entières glissaient vers Haarlem, Leyde, ou les villages voisins. La glace semblait vivante. Ben remarqua la taille droite et la démarche dégagée des femmes, ainsi que la variété de leurs costumes. Les dernières modes, arrivées toutes fraîches de Paris, coudoyaient des vêtements si usés qu’ils semblaient avoir servi à plusieurs générations.

Il y avait des « lionnes » de Leyde et des pêcheurs des plages voisines ; des marchandes de fromage de Gouda, et de hautaines matrones habitant les magnifiques maisons de campagne situées sur le lac de Haarlem. On apercevait constamment des patineurs à la tête grise et de vieilles femmes ridées, portant des pyramides sur la tête. De gros petits « trotillons » en patins s’accrochaient aux jupes de leur mère ; quelques paysannes portaient leurs babies attachés solidement sur leurs épaules avec des châles de couleurs voyantes. Tous ces gens passaient rapides comme des flèches, ou lentement comme des navires sans voiles, suivant qu’ils étaient ou n’étaient pas pressés ; quelques-uns faisaient en passant un signe de tête amical à leurs connaissances ; d’autres sifflaient, tout en allant, tandis que les mères passaient avec les petits paquets bien emmitouflés qui se collaient de leur mieux sur leur dos.

L’effet produit par cet ensemble était pittoresque et gracieux au possible.

Des garçons et des filles se pourchassaient, se cachant