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« Au nom du ciel, mon enfant, lui cria-t-il, que faites-vous donc là ?

— Ah, Monsieur le curé ! j’empêche les eaux de passer, répondit le petit héros, et j’y ai bien du mal. Dites à quelqu’un, s’il vous plaît, de venir m’aider. Je n’en puis plus. »

« Le bon curé commença par y aller lui-même, et, comme c’était le plus pressé, il mit son doigt, son petit doigt à la place de celui de l’enfant.

« Ah ! dit le pauvre petit, en secouant sa main endolorie, je suis content !… »

Et il s’évanouit.

« Heureusement il restait une main encore au bon prêtre, et il s’en servit pour tremper dans l’eau son mouchoir et l’appliqua sous le nez, sur les tempes et derrière les oreilles de l’enfant qui rouvrit bientôt les yeux.

« Là, mon garçon, lui dit son sauveur, fais encore un effort, va bien vite à la maison de l’éclusier et dis-lui ce qui se passe. Je craindrais de ne pas avoir le courage, tout homme et tout prêtre que je suis, de faire une faction aussi longue que la tienne, dans une si difficile position.

— Soyez tranquille, dit l’enfant ; l’éclusier c’est mon père, il viendra bien vite, allez. »

« Il est inutile d’ajouter qu’il vint en effet, et que le trou de l’écluse fut réparé.

« Oh ! monsieur, dit Robby, quel bon petit garçon !

— Et quel bonheur, ajouta Jenny en s’essuyant les yeux, que le bon prêtre ait passé par-là ! »

Chose étrange ! à l’heure même où son petit frère et sa petite sœur prononçaient ces paroles, Ben, de l’autre côté de la mer, disait à Lambert qui venait de lui raconter précisément la même histoire :

« Le noble enfant ! J’ai souvent lu la relation de cette