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m. massip.

Clémence Isaure à la tête de la poétique phalange. C’est dire que cette collection a été formée à la lumière de la critique historique et que nos meilleures anthologies, celle que vient de publier M. A. Séché[1] par exemple, pourraient s’enrichir encore au contact de celle-ci, la plus complète que nous connaissions.

La bibliothèque du barron Larrey, que nous devons à la générosité de Mlle Juliette Dodu, ajoute à l’intérêt du livre celui d’une page d’histoire locale. Ce fut à Toulouse, en effet, que l’illustre chirurgien commença ses études auprès de son oncle, chirurgien en chef de l’hôpital. En donnant à la rue de l’Hôpital-Militaire le nom de celui qui fut appelé pendant si longtemps « la providence du soldat », le Conseil municipal acquitta une double dette, celle qu’il devait à Mlle Dodu et celle à laquelle avait droit depuis plus de soixante ans Jean-Dominique Larrey, moins parce qu’il fut l’un des fondateurs de la Société de médecine de Toulouse et directeur de l’École de cette ville qu’à raison de son intervention en 1833 pour l’érection du monument élevé à la mémoire de notre compatriote et son ami le général Dupuy. C’est ainsi que se mêlent à ce don trois noms que le patriotisme illustra[2]. Ajoutons que, par une méprise singulière, le lot qui nous fut attribué ne comprend que quelques ouvrages ayant appartenu à Jean Dominique ; la plupart, ainsi qu’on en peut juger par les envois d’auteurs, proviennent de la bibliothèque du baron Hippolyte Larrey, son fils, ancien député et membre de l’Institut.

Pour faire face aujourd’hui à l’inépuisable production du livre, il faudrait d’inépuisables crédits. Forcément limités, ils semblent, de prime abord, ne pouvoir répondre à tous les

  1. A. Séché, Les Muses françaises. Anthologie des femmes poètes de 1200 à nos jours. 2 vol. ; 85 portraits. Paris, 1820.
  2. On sait que Dupuy mourut au Caire, dans les bras du baron Larrey. Il existe, aux Archives de la ville, un dossier relatif à l’érection de la colonne Dupuy ; on y trouve la belle lettre que Larrey écrivit à ce sujet. — La conduite héroïque de Mlle Juliette Dodu, en 1870, a été évoquée naguère en d’éloquentes nécrologies. Un comité a pris l’initiative, sous les plus hauts patronages, de lui élever un monument dont l’exécution serait confiée à Mme la duchesse d’Uzès.