Page:Documents relatifs à l’extension des limites de Paris.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

argument dans l’intérêt des consommateurs peu aisés les uns, habitants de Paris, mais accoutumés, disait-on, à prendre le plus activent possible leurs repas hors des barrières, afin de payer le vin moins cher ; les autres, domiciliés dans les communes limitrophes, mais uniquement, suivant les mêmes personnes, à cause de la notable et quotidienne économie que leur procurerait l’exemption des taxes de l’octroi parisien. On se plaisait donc a répéter que l’annexion de la zone suburbaine serait particulièrement préjudiciable à la masse du peuple et qu’on le verrait bien dans l’enquête, par l’origine, le caractère et le nombre formidable des protestations.

Une étude approfondie des faits avait démontré à mon Administration que cette supposition reposait sur une erreur entretenue par des préjugés anciens et propagée par des intérêts privés. Dans la réalité des choses, les ouvriers et les autres habitants peu fortunés de la banlieue suburbaine, aussi bien que les personnes domiciliées dans Paris, qui affuent une ou deux fois par semaine dans les restaurants et les débits de vins établis au delà des barrières, n’ont rien à perdre a l’extension des limites de Paris ; la plupart d’entre eux y trouveront, au contraire, un certain avantage.

Il importe d’abord de remarquer, en ce qui concerne les ouvriers, que beaucoup ont leur habitation d’un côté de la barrière, et trouvent leur travail et leur repas de l’autre. Un grand nombre, logés au dehors, entrent tous les matins dans Paris, et n’en sortent que le soir ; d’autres, demeurent dans les faubourgs Intérieurs de la ville, et vont passer leurs journées dans les gares extérieures des chemins de fer, dans les chantiers de construction que, depuis quelques années, la banlieue voit s’élever de toutes parts, dans les nombreuses usines, dans les ateliers divers qu’elle renferme. Il semble qu’en choisissant son domicile dans Paris ou hors barrières, l’ouvrier soit préoccupé principalement du taux de son loyer, et demeure convaincu du peu d’influence de ce choix sur le prix des denrées qu’il consomme isolément ou en famille.

Et, en effet, le principal objet de consommation frappé par les tarifs d’octroi, le vin, acheté au détail, comme il l’est par tous ceux qui vivent de salaires quotidiens, coûte à peu près aussi cher au delà qu’en deçà des barrières. Chaque litre, à l’entrée dans Paris, supporte une perception constante de 20 centimes 6/10es dans laquelle sont confondus le droit d’entrée revenant au Trésor-Public et la taxe d’octroi revenant a la Ville. Chaque litre, débité dans un restaurant ou dans tout autre établissement analogue de la banlieue paye, outre le droit d’entrée perçu par le Trésor-Publie et la taxe