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tration communale, une existence indépendante ; et qu’avec une organisation municipale distincte, elles ne sont en fait et en réalité que d’immenses faubourgs de la cité qui leur a donné naissance. Tous leurs intérêts gravitent vers Paris.

Que deviendraient-elles, en effet, séparées du tronc qui les soutient et les nourrit ? Où sont leurs monuments publics, leurs lycées, leurs hôpitaux, leurs halles, leurs établissements militaires, leurs tribunaux, leurs prisons ? etc., etc. ? tout ce qu’une ville isolée est obligée de construire et d’entretenir, n’est-ce pas dans les murs de Paris qu’elles le trouvent ? N’est-ce pas là que sont les intérêts d’affaires, les occupations de toute sorte, et jusqu’aux délassements les plus habituels de leur population ?

Les communes issues de Paris se sont d’abord groupées auprès des barrières, puis étendues le long des routes impériales, où les habitations se pressent maintenant sans aucun intervalle. Plus tard, les maisons se sont établies sur les chemins vicinaux, mais en cherchant toujours les communications les moins difficiles avec la barrière de Paris la plus voisine. On n’a bâti, d’une barrière à l’autre, le long du boulevard extérieur et au delà, que faute de meilleurs emplacements, et alors on l’a fait sans autre règle que la convenance de chacun, sans le moindre souci de ce qui pouvait exister de l’autre côté de l’obstacle infranchissable du mur d’octroi.

De même chaque commune en grandissant, a très-peu songé à combiner ses percements avec ceux des communes voisines. Toutes ayant leurs tendances vers Paris, elles ont concentré leurs efforts dans la direction des barrières qui leur étaient respectivement ouvertes, et elles en ont peu fait pour se relier entre elles. Cependant déjà elles se touchent, elles se confondent, et de leur juxtaposition résulte un informe assemblage de belles rues sans but, de ruelles et d’impasses immondes, de quartiers modernes plus ou moins bien dessinés, de groupes d’habitations entassées sans ordre, et de lacunes impraticables.

Quelle dépense ne faudrait-il pas s’imposer aujourd’hui pour régulariser convenablement la zone qui entoure la ville ? Mais l’entreprise deviendra tout à fait inabordable, pour peu qu’on laisse se développer sans règle le mouvement prodigieux de constructions qui est signalé dans cette zone depuis quelques années. Le décret du 25 mars 1852 relatif à la décentralisation administrative, donne, il est vrai au Préfet de la Seine, le droit d’arrêter, pour les communes suburbaines, les plans généraux d’alignement prescrits par l’art. 52 de la loi du 16 septembre 1807 ; mais, pour les percements nouveaux, pour les redressements considérables, pour toute mesure en un mot, qui excède l’application des règles