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combler les insuffisances de ses ressources actuelles, en présence des énormes dépenses dont les travaux publics grèvent chaque année son budget.

Il n’est pas d’erreur plus profonde et plus capitale.

La Ville de Paris est sans doute engagée dans de grandes et dispendieuses entreprises ; mais ses finances prospères lui permettent d’en porter le fardeau sans fléchir. Les intérêts et les autres charges annuelles de la dette municipale régulièrement couverts, les services ordinaires et permanents largement pourvus, elle peut consacrer tous les ans 20 ou 30 millions à des dépenses extraordinaires. 5,471,575 fr. sont affectés, pour 1859, à l’amortissement de la dette municipale, en exécution des contrats d’emprunt, et 23,538,495 fr. 15 c. sont répartis entre les diverses catégories de grands travaux. Les opérations de voirie qui font l’objet de la loi du 19 mai 1858, entraîneront, il est vrai, une dépense nette qui peut s’élever à 180 millions, et à laquelle l’État ne doit contribuer que pour 50 ; mais la Ville a dix années pour s’acquitter des 130 millions de surplus. Ce n’est donc qu’une charge annuelle de 13 millions, en moyenne, qui lui est imposée, et il lui reste 11 millions au moins par an pour faite face aux améliorations de la voie publique non comprises dans son traité avec l’État, aux grands travaux des édifices religieux, des établissements d’instruction publique ou d’assistance, à l’extension de la distribution des eaux et du réseau des égouts, et à ses autres dépenses extraordinaires de toute nature. Enfin, un boni de plus de 16 millions, produit par les excédants des recettes sur les dépenses des derniers exercices, lui composent une réserve pour les cas imprévus.

La prudence vigilante que l’Administration de la Ville sait allier, j’ose le dire, à une action résolue, n’est pas étrangère à cette excellente situation, que le contrôle incessant de vos lumières et de votre sagesse maintiendrait à coup sûr, si jamais elle pouvait être mise en péril, et dont la rigoureuse exactitude est garantie par les vérifications les plus solennelles. D’ailleurs, l’exposé de l’état des finances municipales est placé, chaque année, dans tous ses détails, sous les yeux du public, avec une patiente et loyale franchise, qui n’a peut-être pas toujours suffi à désarmer des préventions anciennes, mais qui a dû rendre évident, pour tous les esprits impartiaux, que les efforts demandés jusqu’à présent à la Ville ne dépassent point une juste mesure, que ses finances n’ont point d’insuffisances à couvrir, et qu’elle n’a nul besoin de recourir à la conquête de nouveaux contribuables, pour restera la hauteur de ses obligations actuelles.

Fallût-il, par hypothèse, augmenter les revenus de Paris, l’accession des communes suburbaines serait un bien mauvais moyen d’y réussir. Un aperçu approxi-