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merveilles de l’architecture gothique, l’éclat des écoles publiques, tout contribuait à augmenter le nombre des habitants et à grandir la ville.

Dans le cours du xive siècles, cette splendeur s’évanouit. La guerre de cent ans commença, et, du même coup, la guerre civile. Paris eut à supporter une grande part des malheurs de la France. L’enceinte construite durant cette période désastreuse, plus étendue au nord que la précédente, parce qu’elle devait embrasser et défendre les constructions faites depuis le commencement du xiiie siècles, ne marqua point une phase de développement. Tout au contraire, l’émeute, la famine et la peste ravagèrent la ville fortifiée ; la population s’enfuit ou pérît les maisons désertes tombèrent en ruines ; l’herbe poussa dans les rues ; l’étranger régna enfin dans Paris.

De tels désastres ne se réparent que lentement, même avec le secours de la Providence. Si l’on rapproche deux plans anciens de Paris, l’un, dressé par l’érudition moderne la plus consciencieuse, pour l’année 1292[1], l’autre, dessiné vers 1530, par un contemporain[2], on est frappé de voir combien il y a peu de différence de l’un à l’autre, combien l’accroissement de Paris avait été peu considérable en plus de deux siècles et demi.

Mais bientôt, et surtout lorsque Henri IV eut mis un terme à de nouvelles guerres intestines, la capitale de la France reprit un rapide développement. L’enceinte, partiellement agrandie à trois reprises depuis le commencement du xvie siècles, ne put suffire aux nouveaux Parisiens. Louis XIV la fit disparaître et entoura la ville de boulevards.

À la fin du siècle dernier, des faubourgs s’étendaient déjà dans tous les sens, au delà de ces limites officielles, et il devint nécessaire d’en tracer d’autres. En 1184, des raisons financières, sur lesquelles je reviendrai tout à l’heure, firent adopter de nouveau un système de clôture continue.

On se tromperait étrangement si l’on supposait que l’extension successive des limites de Paris eût été recherchée à aucune époque, soit par les rois, soit par les magistrats de la cité, comme un résultat désirable. Loin de l’appeler de leurs vœux, ils l’ont toujours subie comme une nécessité, et n’ont rien épargné pour la modérer. Chose étrange ! En même temps qu’une sage et vigoureuse administration de Paris, le perfectionnement de sa police intérieure, la construction dans son sein de monuments admirables, la prospérité de son industrie et de son commerce, crois-

  1. Plan de la ville de Paris sous Philippe le Bel, dressé par Albert Levoir, d’après le travail de Geraud.
  2. Plan de G. Braun, reproduit par Ducerceau, vers 1500.