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lorsque la royauté et la nation commencèrent à se constituer réellement, lorsque des princes, suzerains victorieux et puissants, délivrés de redoutables vassaux par tes croisades, protecteurs des communes, fondateurs de la justice, administrateurs éclairés, pour leur temps, étendirent un pouvoir effectif sur une notable partie du sol français, que leur séjour devint une capitale proprement dite.

Deux hommes supérieurs, Philippe-Auguste et Saint Louis, personnifient cette première époque de prospérité.

Philippe-Auguste, partant à regret pour la Terre-Sainte songea à mettre en sûreté, par des remparts, les principales villes du royaume, et d’abord, Paris. L’enceinte qu’il fit construire, avec le concours des magistrats parisiens, était plus vaste que la ville ; elle enveloppait non-seulement les habitations groupées autour de quelques couvents, et les maisons qui formaient un commencement de faubourg le long de chaque route principale, mais encore des prés sur les rives du fleuve, des vignes sur les coteaux, des enclos, des terrains en culture.

Sous le règne de Saint Louis, et pendant la fin du xiiie siècle et le commencement du xive, l’enceinte se peupla avec une grande rapidité. Sur la rive gauche, des communautés religieuses savantes et des écoles accréditées par des professeurs illustres rassemblèrent tout un peuple d’étudiants sur la rive droite, un commerce actif, une industrie déjà pleine dé goût et d’art, rendirent Paris l’émule des villes florissantes de l’Italie.

Des le temps de Philippe le Bel quatre-vingts ans après l’achèvement de l’enceinte de Philippe-Auguste, les maisons avaient franchi la muraille, s’y étaient adossées avaient envahi les champs voisins, surtout au nord, à l’est, et sur les bords du fleuve[1]. Des calculs basés sur lin recensement des contribuables de cette époque, ont fait évaluer à 300 le nombre des rues, et à plus de 200,000 celui des habitants existant alors dans Paris[2], qui comptait d’ailleurs beaucoup de riches marchands, de banquiers, de changeurs, de prêteurs sur gages, désignés sous le nom générique de Lombardi à cause de l’origine italienne des premiers, et de juifs exerçant les mêmes professions, auxiliaires de transactions multipliées.

Une organisation municipale améliorée, le guet institué, le pavage des principales rues, des règlements relatifs à l’exercice des professions industrielles, les

  1. Géraud, Paris sous Philippe le Bel, d’après des documents originaux, et notamment d’après un manuscrit contenant le rôle de la taille imposée sur les habitants de Paris, en 1292.
  2. Id. — 472, 473 et suiv.