Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée
16.
8 FÉVRIER 1880.

annoncer dans son discours au Parlement. Mais, vers la fin de janvier, dans un entretien avec l’amiral Pothuau au sujet de la transaction suggérée par M. Waddington, le marquis de Salisbury, sans adopter ni repousser explicitement cette combinaison, a indiqué que l’Angleterre préférerait s’en remettre de la fixation de la nouvelle frontière à une commission spéciale, qui serait envoyée sur les lieux, et dont elle serait disposée à accepter les décisions prises à la majorité des voix[1].

J’ai cru nécessaire de réclamer au Cabinet de Londres un supplément d’explications sur la manière dont il comprend l’application pratique de son idée. Il me paraît essentiel en effet que les Puissances avisent promptement à l’adoption d’une ligne déterminée dans ses traits généraux, et destinée à servir de base aux opérations ultérieures de la démarcation proprement dite. Cette tâche d’un caractère essentiellement politique ne peut guère être confiée à une commission ordinaire de délimitation. S’il fallait attendre que les détails du tracé fussent étudiés sur les lieux, la perspective de délais, peut-être indéfinis, risquerait de provoquer beaucoup d’agitation dans les esprits, et de compromettre le maintien de la paix, tant en Grèce que dans les provinces turques[2].

Nous attendons la réponse du gouvernement anglais à ces observations dont je ne doute pas que la justesse ne frappe les Cabinets de Vienne, Pétersbourg, Rome et Berlin.

17.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire.

L. Très confidentiel.
Paris, 8 février 1880.

Depuis mon entrée au Département des Affaires étrangères, je lis fort attentivement votre correspondance relative à nos affaires d’Égypte. Il me reste dans l’esprit quelques doutes, au sujet desquels je serais bien aise d’avoir votre pensée tout entière.

Je désirerais savoir :

1° Si notre influence en Égypte vous paraît actuellement plus grande qu’à l’époque où nous n’avions pas encore inauguré, dans ce pays, l’action en commun avec l’Angleterre ;

  1. Dépêche de l’amiral Pothuau du 20 janvier 1800, n° 7.
  2. Dans une dépêche n° 17 à l’amiral Pothuau du 4 février M. de Freycinet insiste sur la difficulté qu’éprouverait une commission de techniciens à déterminer rapidement le tracé de la nouvelle frontière et à l’imposer aux parties en cause.