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31 MARS 1878.

ANNEXES[1].

I

M. d’Harcourt, Ambassadeur de France à Londres, à M. Waddington, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, 31 mars 1878.

  Mon cher Monsieur,

Je viens d’avoir une conversation intéressante avec le comte Schouvaloff et je m’empresse de vous en donner le résumé.

Le comte a eu hier un entretien avec le Chancelier Lord Cairns, qui s’est empressé de protester contre les intentions belliqueuses qu’on suppose au ministère reconstitué : « Nous voulions, a-t-il dit, prendre certaines mesures que nous jugionsnécessaires pour garantir les intérêts et la dignité de l’Angleterre et que l’opinion publique réclame. Lord Derby faisait objection à tout et mettait obstacle à tout. Le ministère ne pouvait plus marcher et va se trouver maintenantlibre dans ses allures. Soyez assuré que nous voulons la paix, autant que Lord Derby[2]. »

Lord Derby m’avait fait hier la remarque que le nouveau ministère paraissait effrayé de l’impression qu’aurait faite dans le public sa propre retraite et l’appel des réserves et semblait déjà disposé à en atténuer les effets. Les paroles de Lord Cairns sont une preuve de cette nouvelle disposition dans laquelle se trouvent ses collègues.

Après m’avoir communiqué les paroles du Chancelier, le comte Schouvaloff a pris sur son bureau la dépêche encore inachevée qu’il adressait au prince Gortchakoff et dans laquelle il rend compte du dernier entretien qu’il a eu hier avec Lord Derby et m’en a donné lecture. Je vais vous écrire de suite ce que ma mémoire a pu en retenir.

Lord Derby a commencé par les mêmes paroles qu’il m’avait adressées à moi-même. Il espérait que ses anciens collègues débarrassés de la résistance qu’ils avaient toujours rencontrée en lui et déposant l’irritation qu’elle leur

  1. Les deux pièces publiées en annexe font partie des archives personnelles de M. Francis Waddington. La Commission lui est reconnaissante d’avoir mis libéralement à sa disposition les papiers de son père, M. W. H. Waddington.
  2. Sur la démission de Lord Derby, voir t. II, 1re série, n° 278 et note.