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12 JANVIER 1880.

tous deux dans la mer Rouge. Depuis le commencement de janvier, la Compagnie du Canal n’en a pas signalé d’autres. Le premier des bâtiments précités est parti de Massaouah pour Assab vers le 24 décembre, ainsi que nous l’a mandé par le télégraphe M. Raffray. Il a trouvé en rade d’Assab un bateau marchand du nom de Messina-Genova, dont le commandant avait déjà hissé le pavillon italien sur la côte, fait creuser des puits et installé des baraques.

L’aviso de guerre a, de son côté, débarqué des hommes de son équipage pour garder la nouvelle station. Il s’est ensuite dirigé sur Aden, dans le but d’y engager 300 Somalis.

Ces informations ont été télégraphiées au Khédive de Massaouah, à la date du 8 janvier, et reçues par Son Altesse le 10. Le Ministre des Affaires étrangères, auquel elles furent communiquées hier, me les a apportées ce matin. Elles viennent d’un officier d’ordonnance du Khédive qui est parti d’ici, il y a 25 jours environ, avec la mission secrète de faire un rapport sur ce qu’il verrait à Assab. À bord du bâtiment de guerre égyptien le Sennaar, qui l’a transporté à Assab, il n’y avait pas de troupes de débarquement. La discrétion que Votre Excellence me recommande m’a empêché de m’assurer si le Gouvernement égyptien a expédié cet officier spontanément, ou sur l’instigation de l’Angleterre. Je penche néanmoins vers la première supposition. Le Ministre des Affaires étrangères m’a d’ailleurs avoué avec une visible contrainte que des explications ont été échangées récemment entre les Cabinets anglais et italien au sujet de l’affaire, mais sans préciser leur nature. Je n’en apprendrai pas davantage, à moins de m’adresser à M. Malet. Vous seriez donc plus facilement renseigné par la voie de Londres ou celle de Rome.

Mustapha Pacha conteste au surplus absolument la légitimité des titres de propriété invoqués par la Compagnie Rubattino et le Gouvernement italien. Ce dernier, par contre, prétendrait qu’il y a dix ans il aurait réussi à convaincre de cette légitimité le Gouvernement égyptien. Le fait est que des notes ont été échangées à cette époque entre les deux Cabinets à propos d’un traité conclu peu de temps auparavant par la Compagnie avec un chef de la côte. Seulement, toute trace en a disparu au Ministère des Affaires étrangères égyptien dont le local a été incendié dans l’intervalle.