Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
5
12 JANVIER 1880.

prépondérante. Cette disposition d’esprit malheureusement n’existe pas que dans le journalisme italien, elle se retrouve dans le Gouvernement et j’ai pu remarquer à plusieurs reprises que le Cabinet actuel présidé par M. Cairoli montrait une impatience que ne témoignait pas, l’hiver dernier, le Cabinet que dirigeait M. Depretis. J’ai été moi-même sondé à ce sujet sous le couvert d’entretiens platoniques et de conversations officieusement amicales. Je n’ai pas laissé engager la discussion comme on l’aurait voulu. J’ai même donné à la conversation un certain tour de badinage qui me permettait, sans froisser aucune susceptibilité, d’employer des arguments plus énergiques qu’on ne le fait d’habitude dans les conversations d’affaires. Je crois, en effet, très important de ne laisser entrer dans l’esprit des Italiens aucune illusion dont ils chercheraient plus tard à s’autoriser contre nous, ni de laisser échapper aucune parole, même de complaisance, qu’ils ne manqueraient pas ensuite d’invoquer.

Depuis que j’ai l’honneur de représenter la France en Italie, je me suis tenu toujours sur une extrême réserve, et spécialement pour ce qui touche la Tunisie ; j’ai, résistant à des sollicitations qui me venaient de différents côtés, toujours repoussé toute idée, toute apparence d’engagements qui pourrait à quelque titre que ce soit lier dans l’avenir notre liberté, que nous avons tout intérêt à garder pleine et entière, quels que puissent être d’ailleurs nos desseins.

J’espère que cette manière de voir aura l’assentiment de Votre Excellence et que l’attitude que j’ai cru devoir maintenir sera approuvée par elle.

P. S. — Je signalerai à l’attention de Votre Excellence une lettre d’un voyageur allemand M. Rohlfs qui invite l’Italie à fonder une colonie dans la Tripolitaine. Cette pièce se trouve aux pièces jointes.

5.

Le général Chanzy, Ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 1.
Saint-Pétersbourg, 12 janvier 1880.
(Reçu : Cabinet, 20 janvier ; Dir. pol., 21 janvier.

[Bon accueil fait à Saint-Pétersbourg au nouveau Cabinet français. Conversation sur le Monténégro.]

Tout ce que j’ai entendu et recueilli, dans ces derniers jours, me confirme de plus en plus l’opinion que j’ai constamment émise dans ma correspondance