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8 JUILLET 1880.

et nous ne pouvons que nous féliciter de voir consacrés par l’accord des représentants des Puissances les droits que nous nous étions attachés à défendre. Dégagée des abus dont nous avions été les premiers à réclamer la suppression, la protection sera désormais accordée aux indigènes marocains dans des limites assez restreintes pour n’apporter aucune gêne à l’exercice de la souveraineté territoriale, assez larges pour assurer aux consuls et aux négociants européens la sécurité de leurs rapports avec la population indigène.

[Malgré la différence entre le point de vue du Gouvernement de la République et celui du Cabinet de Londres, M. de Freycinet pense que l’Angleterre accueillera avec satisfaction la transaction finale adoptée par la Conférence.]


199.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 8 juillet 1880, 4 h. 27 soir.
(Reçu : 5 h. 30 soir.)

Lord Odo Russell vient de faire au prince de Hohenlohe la communication relative au Monténégro que Lord Granville a faite hier à M. Challemel-Lacour[1] et que vous m’avez tranmise par votre télégramme de ce matin. Le prince a répondu que, si l’Angleterre est d’accord avec l’Autriche, l’Allemagne n’a aucune objection contre la marche indiquée ni contre l’exécution de la menace faite à la Turquie si, dans trois semaines, elle n’a pas rempli ses engagements ; cette menace paraît indiquer un projet de démonstration navale.

L’Allemagne n’y prendra pas part, mais ne voit pas d’inconvénients à ce que d’autres Puissances, sans doute l’Angleterre et l’Autriche, s’en chargent.


200.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 8 juillet 1880, 5 h. 15 soir.
(Reçu : 6 h. 20 soir.)

La Gazette Nationale, feuille d’opposition, renferme ce matin un article aussi fâcheux que violent contre nous au sujet de Tunis ; le prince de Hohenlohe[2]

  1. Lord Granville était allé tout exprès chez M. Challemel-Lacour pour l’entretenir de la question du Monténégro et l’informer que les Turcs d’Albanie se refusaient décidément à la cession de Dulcigno. Lord Granville était d’avis de donner à la Porte un délai de trois semaines pour s’exécuter. (Télégr. de Londres, du 7 juillet, 1 h. 30 s.).
  2. Le prince suppléait le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et le Chancelier. (Voir Holenhohe (Mém.) trad. franç., t. III, p. 62 et 69.)