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3 JUIN 1880.

La gravité de ce qui précède n’échappera pas à Votre Excellence, et je n’ai pas besoin d’insister sur ce fait étrange et considérable du Plénipotentiaire marocain retirant toutes ses demandes de Tanger et de Madrid et s’effaçant complètement, pour ainsi dire, pour laisser à l’Angleterre le soin de porter atteinte à nos droits et à nos intérêts[1].

Ce n’est plus le Ministre des Affaires étrangères du Sultan, Cid Mohammed Bargach que nous avons devant nous, c’est Sir J. Drummond Hay avec sa pensée unique et constante de saper notre influence et de ruiner notre commerce au Maroc.

P.-S. — Je joins au procès-verbal de la séance du 1er juin, qui contient les nouvelles propositions anglaises, les propositions que le Plénipotentiaire d’Autriche-Hongrie a annoncé l’intention de déposer et qu’il m’a communiquées.


145.

M. Léon Say, Ambassadeur de France à Londres, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, 2 juin 1880, 3 h. matin.
(Reçu : 6 h 30, matin.)

Lord Granville m’a dit ce soir qu’il n’avait pas réussi à obtenir de l’Autriche un dédommagement pour le Monténégro du côté de l’Herzégovine en échange des districts contestés[2], mais qu’il s’était mis d’accord avec l’Autriche sur un dédommagement entre le lac de Scutari et la mer dont la prise de possession serait facile. Lord Lyons doit vous en parler aujourd’hui. Il m’a recommandé un secret scrupuleux vis-à-vis de la Turquie.

Lord Granville a reçu sans observation ma communication sur vos intentions de donner le titre de Ministre Plénipotentiaire à l’agent français à Belgrade.

  1. « M. le Plénipotentiaire de la Grande-Bretagne, dit le procès-verbal, demande à présenter quelques observations. Il estime que le Plénipotentiaire du Maroc ayant retiré les additions aux demandes nos 14, 15 et 16 de Tanger, la Conférence devrait discuter d’autres moyens, afin d’arriver, d’un commun accord, à la solution des points dont il s’agit. Mais avant de soumettre à la conférence les propositions (il y en a 9) qu’il a rédigées à cet effet, il doit déclarer que son Gouvernement désire maintenir l’indépendance du sultan du Maroc, ainsi que son autorité dans son propre territoire, et souhaite qu’il soit libéré des abus de la protection étrangère. »
  2. Voir ci-dessus n° 113.