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93.

M. de Montholon, Chargé d’affaires de France à Constantinople, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Péra, 18 avril 1880, 12 h. 50 soir.
(Reçu : 3 h., soir.)

Je viens de signer avec les représentants des Puissances le protocole relatif aux limites de la Turquie et du Monténégro[1].

La Porte télégraphie au Gouverneur général de Scutari de procéder sans retard à l’évacuation conformément à l’acte officiel de cession.

94.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Noailles, Ambassadeurs de France à Rome.

T.
Paris, 19 avril 1880, 8 h. 15 soir.

Le Chargé d’affaires de France à Tunis me fait savoir que M. Rubattino a averti la compagnie anglaise du chemin de fer de la Goulette qu’il protestait contre la cession faite à la compagnie française[2].

D’après les renseignements qui m’ont été donnés par M. Géry, cette cession a été consentie dans des conditions parfaitement régulières. La compagnie anglaise a rompu ses pourparlers avec M. Rubattino parce qu’elle voulait être payée comptant et que M. Rubattino se montrait hors d’état de satisfaire à cette exigence. C’est alors que sont intervenues les offres de M. Géry et elles ont été immédiatement acceptées. M. Rubattino se ravisant paraît avoir donné àentendre qu’il apporterait non seulement lagarantie financière du Gouvernement italien, mais celle de la maison Rothschild, et qu’il donnerait un prix de troismillions de francs, et même plus encore, au lieu du prix de deux millions six cent mille francs payé par M. Géry.

Cette ouverture tardive n’a pas pu être prise en considération, l’affaire étant déjà définitivement conclue avec la compagnie française.

Vous remarquerez que le Gouvernement français est demeuré absolument étranger à cette transaction, à laquelle il n’a prêté ni appui financier, ni appui moral. Nous ne saurions toutefois admettre que le Gouvernement italien, qui

  1. Voir ci-dessus n°87.
  2. Voir ci-dessus nos89, 91, 92.