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seghers, ruines de l’abbaye de rhynsberc (iaro springer, die radierungen des hercules seghers, lxiv), 200 x 319 cm. — cabinet des estampes.

GRAVURES D’HERCULES SEGHERS


Le peintre et graveur Hercules Seghers est né en Hollande en 1585 (on ignore le lieu exact) ; mort à Amsterdam en 1645. Il était l’élève de Conincksloo. Marié avec une femme beaucoup plus âgée que lui, il avait précédemment été poursuivi et condamné pour avoir mis à mal une jeune fille et l’avoir rendue mère. Il était si pauvre qu’il fut obligé de faire des peintures sur ses nappes ou ses draps de lit. Pour ses gravures, les marchands refusaient même le prix du cuivre. Désespéré, il mourut ivre, une nuit, d’une chute dans un escalier.

Nous devons indiquer dès l’abord le caractère exceptionnel de l’œuvre de Seghers qui ne représente que des courants négatifs. C’est une révolte isolée et étroite contre tout ce qui s’appelle hollandais. Seghers a payé de sa vie une telle attitude.

Dans son œuvre, la continuité organique de l’art hollandais se fige en une sorte d’horreur pesante et pétrifiée ; ou bien, elle s’écoule en une fuite de plans déchirant l’œil fatigué par des parallèles flasques et sans but : l’étendue, ailleurs identique à une conquête, à un espoir, n’est ici qu’une fuite épouvantée. En général, la vue se heurte à des rochers serrés, à des amoncellements de prisons. Cette concentration trahit un désespoir paralysant comme une crampe : une sorte d’agoraphobie caractérise ces gravures.