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L'ESPRIT DES LAIDES

O Muse, puisque tu me dotes. Aujourd’hui, de quelque enjoûment. Ce mot sera le fondement Des deux suivantes anecdotes. Annette était fille de bien. J’entends par là qu’elle était sage. Mais elle avait un laid visage, Ainsi que souvent il advient. Car, faites pour aller ensemble, Sagesse et beauté rarement Font un bon accommodement, Me paraît-il. Que vous en semble ? Après tout, n’exagérons pas : Cette Annette au visage rude Etait bien moins sage que prude. Prude — parce que sans appas. Née à Beauvais, chef-lieu de l’Oise, Presque à l'ombre de l’évèché, Elle avait horreur du péché Et de toute histoire gauloise. On le savait. Or, un rieur, Ayant hasardé devant elle Quelque trop vive bagatelle, Reçut au... (hem !) postérieur Un maître coup de pied valable... Mais, le rieur, sans s’irriter. Cria : « Quoi ! ne pas respecter. Chère Anette, votre semblable ! »