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LE POÈME SANS NOM.
CXLV
J’ai lu ces mots : Belle et méchante, sur ton front.
Je n’ai pas déchiffré le second tout de suite.
Non, ta méchanceté n’apparaît pas subite.
Las ! à la discerner je ne fus que trop prompt !
Je dis — d’autres aussi, sans doute, le diront —
Qu’à te croire méchante un moment on hésite,
Mais qu’on n’est qu’un moment hésitant ; car, bien vite
Ton masque de bonté se détache et se rompt.
Un tel signalement, au surplus, ne suggère
Rien d’exceptionnel, puisque tu n’es, ma chère,
Ni belle à rendre fou, ni méchante à l’excès.
Si tu l’as oublié, lors, je te le rappelle,
Ou te l’apprends, si, par hasard, tu ne le sais :
Tu n’es pas plus méchante, au fond, que tu n’es belle.