Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LE POÈME SANS NOM.


LXXXI


Ces traits, que nous pensions dignes d’une statue
Céleste et qu’un dieu seul avait pu concevoir,
Trop tôt dans cet éclat nous cessons de les voir.
Cet éclat radieux, l’habitude le tue !

Oui, trop vite, notre œil infirme s’habitue
À cet éclat qu’il a créé sans le savoir :
Et, tout d’un coup, de cet éclat, ô désespoir !
Nous trouvons la si chère face dévêtue.

Cette face n’est plus ce que nous la croyions :
Tristesse ! elle a perdu, soudain, tous ses rayons :
Elle n’est plus qu’humaine, avant été divine.

À notre œil refroidi, qui brûla, tout d’abord,
D’un feu qui la dorait, plus rien ne l’illumine :
Et ce soleil d’amour n’est plus qu’un soleil mort.