Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
LE POÈME SANS NOM.


LXXX


  
Les premiers jours, notre œil est avide, il se soûle
De ces traits qui pour lui sont encor tout nouveaux.
En a-t-il vu jamais de plus purs, de plus beaux ?
Furent-ils pas empreints sur le plus divin moule ?

Sans fausse honte, ingénument, devant la foule
Aussi bien qu’à l’abri des plus denses rameaux,
Dans l’oubli de tout l’univers, de tous ses maux,
À l’aspect de ces traits, notre regard roucoule !

Pour moi, je l’entendis, le doux chant de tes yeux,
Les premiers jours. C’est une musique des cieux.
Écrite seulement à l’usage de l’âme.

Aucun musicien ne l’exprime ici-bas.
Non ! Beethoven lui même en ressentit la flamme,
Et voulut la fixer, mais n’y réussit pas !