Page:Dock - Du Végétarisme, ou de la Manière de vivre selon les lois de la nature, 1878.pdf/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ VI. De l’influence du Végétarisme sur l’économie sociale.

La manière de vivre si vicieuse d’aujourd’hui, surtout la grande consommation de viande est une grande prodigalité, un vol que nous commettons à nos propres dépens et contre lequel les végétariens protestent énergiquement. Tous les animaux vivent du règne végétal, les carnivores indirectement ; mais pour produire une livre de viande, il faut un équivalent végétaux de 10 à 20 fois plus considérable, c’est-à-dire que la surface de terrain capable de fournir la viande en quantité suffisante à un seul individu, pourrait nourrir de végétaux de 10 à 20 hommes dans le même espace de temps. Si à cela nous ajoutons le terrain que nous perdons pour la production des alcooliques et des excitants, la dissipation en terrain prend des proportions vraiment énormes. Si nous comptons en outre la somme de travail qu’exige la production de ces matières, et quelle misère en fin de compte résulte de ce travail et de la consommation de ces excitants et poisons, on ne peut que déplorer la fatale erreur dans laquelle marche l’humanité.

Le végétarisme, proscrivant ou restreignant l’usage si coûteux de la viande et des excitants, et recommandant l’alimentation végétale plus économique et plus saine, est donc un des moyens les plus sûrs d’améliorer le sort de la classe ouvrière, d’arriver à une moindre inégalité entre les différentes classes. Et en effet mener une vie plus simple, moins coûteuse, n’est-ce-pas lutter contre la misère et ses fatales conséquences : les crises, les grèves, les révoltes et les révolutions ?

Aujourd’hui on craint tant les tendances du socialisme ; eh bien, le retour à une vie plus simple, plus morale, mais pour tous, riches et pauvres, serait un des moyens de résoudre la question sociale. Dollfus, un des grands industriels d’Alsace, a dit naguère au Reichstag, à ce sujet, de sages paroles, et a montré que le spectre rouge pouvait le mieux être combattu par le relèvement matériel et moral des classes laborieuses. Oui, donnons à celles-ci un chez-soi, une propriété, une famille — et les révolutions tomberont d’elles-mêmes. Montrons-leur, comment on vit bien et sainement de peu, montrons leur, comment on peut arriver à l’épargne, et nous n’aurons pas besoin de lois sévères pour étouffer des aspirations dont quelques-