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2. Preuves tirées de notre instinct.

En voici d’autres tout aussi évidentes et basées sur la loi de l’instinct. S’il est vrai que chez l’homme, l’instinct n’a pas comme chez l’animal le caractère de l’immuabilité, au moins nous ne pouvons jamais complètement étouffer cette voix, elle se fera toujours entendre sous une forme ou sous une autre. Ainsi c’est grâce à cette voix de l’instinct qu’une grande partie de l’humanité est restée fidèle à sa destination première et se tient principalement au régime végétal ; il y a des peuples entiers qui, comme les Indous, ne vivent presque que de végétaux, d’autres, comme les populations agricoles en général, ne mangent que relativement peu de viande et d’autres, qui en mangent davantage, consomment cependant encore plus de végétaux que de viande.

Les enfants, chez lesquels l’instinct est moins corrompu que chez les personnes âgées, n’aiment d’abord pas la viande et les excitants, en règle générale du moins, tandis qu’ils aiment beaucoup les produits du règne végétal, surtout les fruits ; mais l’opiniâtreté des parents, leur exemple et cette excitation continuelle du palais que l’enfant finit par aimer également, remportent enfin la victoire sur ce qu’on appelle l’instinct, et au lieu d’un petit frugivore on a un jeune carnivore tout achevé.

Malgré cela l’enfant revient toujours et de prédilection au régime des fruits qui est inné en lui.

Parmi les grandes personnes il en est beaucoup, malades ou bien-portantes, qui n’aiment pas non plus la viande ou qui lui préfèrent de beaucoup les végétaux ; une statistique à ce sujet ne serait pas sans valeur.

Dans les établissements où se pratique le végétarisme, on fait fréquemment l’expérience que même de forts mangeurs de viande, après s’en être abstenus pendant un certain temps, l’aiment moins, ou même la prennent en aversion. Combien aussi n’y a-t-il pas de personnes qui jamais ne peuvent manger la viande saignante, sans parler de la viande crue, qui, pour nous tous, a quelque chose de repoussant, une preuve de plus que la nature ne nous a pas crées carnivores.

Il serait par contre très-difficile de trouver des personnes ayant en aversion la nourriture végétale ; elles peuvent accorder la préférence