Page:Djemâl ad-Dîn al-Afghâni - Lettre sur l’islamisme et la science d’Ernest Renan, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1883.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce qui peut être la source intarissable de ses malheurs et de ses infortunes. Elle ne sait, en un mot, ni remonter aux causes ni discerner les effets.

Cette lacune fait qu’on ne saurait l’amener soit par la force, soit par la persuasion, à pratiquer les actions qui lui seraient peut-être le plus profitables, ni la détourner de ce qui lui est nuisible. Il a donc bien fallu que l’humanité cherchât hors d’elle-même un lieu de refuge, un coin paisible où sa conscience tourmentée pût trouver le repos, et c’est alors qu’a surgi un éducateur quelconque qui, n’ayant pas, comme je l’ai dit plus haut, le pouvoir nécessaire pour la forcer à suivre les inspirations de la raison, l’a jetée dans l’inconnu et lui a ouvert les vastes horizons où l’imagination se complaît, et où elle a trouvé, sinon la satisfaction complète de ses désirs, du moins un champ illimité pour ses espérances. Et, comme l’humanité, a son origine, ignorait les causes des événemens